Jean-Jacques Rousseau, Rêveries du Promeneur solitaire (extrait et commentaires)
- contact240971
- 27 sept.
- 2 min de lecture
Jean-Jacques Rousseau transporte le lecteur dans ses rêveries qui prennent parfois, au détour d’un sentier de son exil loin du monde, un tour très poétique. Son herbier devient ainsi un personnage récurrent du roman suisse de Jean-Jacques, et à chaque apparition nous en dit plus sur l’amour de Rousseau, cet immense esprit universel, pour les plantes et l’herboristerie française.
Extrait : Les Rêveries du promeneur solitaire (Cinquième Promenade)
Je cueillais, dans les prés humides, la succulente scabieuse ; chaque plante semblait m’adresser un salut ; elles étaient mes amies et je lisais sur leurs feuilles l’histoire secrète de la terre. J’apprenais alors tout son nom, son rang, ses vertus, l’histoire de ses usages ; je la considérais longtemps, je la tournais en tous sens, je lisais sur ses feuilles l’histoire secrète de la terre. Et, dans ce commerce innocent, je sentais s’accroître en moi je ne sais quelle tendresse universelle qui, se répandant sur les êtres vivants, allait jusqu’aux plantes ; je ne pouvais arracher une herbe sans me reprocher presque un crime de lèse‑nature. Ainsi mon cœur s’ouvrait aux pensers les plus doux, et, retiré du tumulte des hommes, je vivais avec délices dans l’intime société des fleurs.
Commentaire – Trois leçons de Rousseau
1. L’écoute totale : se mettre à la disposition des plantes
Rousseau ne se contente pas de « voir » les fleurs ; il se penche, dérange le trèfle, effleure la renoncule. Seul ce contact humble – toucher, sentir, accueillir – permet à la plante de « lui adresser un salut ». La leçon est claire : approchons‑nous à hauteur d’herbe, laissons‑nous instruire par la lenteur végétale. La phytothérapie commence ainsi : avant d’extraire une racine, il faut prêter l’oreille à son souffle silencieux.
2. L’apprentissage patient : connaître noms, vertus et histoires
« J’apprenais alors tout son nom, son rang, ses vertus… » : Rousseau revendique une érudition aimante. Chaque espèce devient un chapitre vivant ; botanie, étymologie, usages populaires forment une même encyclopédie sensible. Cette curiosité savante fonde notre démarche moderne : identifier précisément, comprendre les principes actifs, respecter l’écologie de la plante avant de la transformer en remède.
3. Le refuge intérieur : la société des fleurs comme rempart aux blessures du monde

En dialoguant avec les simples, Rousseau sent grandir « je ne sais quelle tendresse universelle ». Cette fraternité végétale ne l’exile pas de l’humanité ; elle le préserve de ses meurtrissures. Vivre « dans l’intime société des fleurs » n’est pas se fuir : c’est regagner un centre calme d’où l’on peut revenir au tumulte, apaisé et plus clairvoyant. Les plantes deviennent alors un refuge intérieur, toujours disponible, que l’on cultive comme un jardin secret.
Ces trois leçons – proximité, connaissance, refuge – demeurent la trame de toute approche phytothérapeutique authentique : écouter, apprendre, se régénérer.







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